La Tunisie, libérée du dictateur Ben Ali depuis janvier dernier, doit affronter un nouvel ennemi, le changement climatique, avec ses menaces de désertification pour les deux tiers du pays et d'érosion mettant en péril son littoral.
Sous le titre "Tunisie, la révolution climatique?", le 5e épisode de la série "Sale temps pour la planète" sera diffusé le 30 août à 20h35 sur France 5. Ce documentaire de 52 minutes signé Morad Aït Habbouche, examine en détail les défis posés par ces menaces venant du réchauffement climatiques et mettant en en danger les 1.300 km du littoral tunisien.
Dans le Sud, le vent souffle 240 jours par an, soit environ huit mois sur douze avec pour conséquence quelque 1,5 million de tonnes de sable emportées chaque année, parfois jusqu'en Europe.
"Personne n'a encore trouvé la solution pour fixer le sable dans le désert, à l'intérieur du pays c'est le vent et sur la côte se sont les vagues qui l'emportent sur la plage", explique Mohamed Labiadh, chercheur du Centre de recherche tunisien pour s'adapter au changement climatique.
Ici ce sont des villages entiers disparus sous le sable, là un lac de l'intérieur des terres réduit à une flaque d'eau croupissante, et dans les lieux de tourisme de masse des côtes, jadis paradisiaques, les plages disparaissent.
Non seulement le vent de sable contribue à déplacer rapidement les dunes mais en plus il arrache les arbres et emporte avec lui les nutriments précieux qui pourraient aider les arbres à repousser.
Ca et là on plante des brise-vent avec des feuilles de palmiers séchées, c'est biodégradable et bon marché, mais il faut les refaire tous les ans. Des barrières anti-ensablement en bois sont aussi érigées près de certaines routes. Des plans de reboisement avec des buissons commencent à voir le jour.
La sécheresse aggravée (à peine 100 mm de pluie par an depuis 2007) a conduit à la chute des marchés de chèvres et moutons de 20%, incitant les chercheurs à étudier des solutions de remplacement. "La solution ce sera le dromadaire, autant pour la production laitière que de viande, car cette espèce se contente de très peu de nourriture", souligne Imad Salki.
A Hammamet, sur la côte à une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis, la plage d'un hôtel a disparu en trois semaines. Le responsable s'est avéré être le voisin de l'hôtel, l'ex-président Ben Ali, lui-même, avait fait construire une immense digue de roches pour préserver sa propriété de l'érosion. Les vagues ont ainsi redoublé de vigueur quelques mètres plus loin.
Sur l'île de Djerba, le développement intensif du tourisme de masse se solde par un désastre écologique. "L'île a vendu son âme au diable avec le tourisme bas de gamme", déplore l'association pour la sauvegarde de Djerba. Le nouveau ministre du Tourisme, Mehdi Houas, est déterminé: "notre écosystème fait partie de notre patrimoine, on gagnera davantage à le préserver qu'à le détruire pour construire du béton".